Rien ne me plaît tant que de marcher dans la lande et de traverser les tourbières.
J’aime tout dans cette végétation : la bruyère, la callune, l’ajonc, la fougère aigle et même les touradons de molinie. J’aime sa diversité et ses couleurs variées : le mauve, le pourpre, le jaune, le vert et l’ocre. J’aime la délicatesse de l’orchis tacheté et de la linaigrette ou la fragilité des sphaignes et de la drosera dans les milieux humides.
La lande est une riche végétation, qui évolue sur des sols pauvres, rocheux et peu profonds.
Dans les Monts d’Arrée, que j’aime infiniment, elle s’étend encore à perte de vue.
Quand la brume enveloppe ces vieilles montagnes, la lande, naturelle sur les crêtes et sur les sols tourbeux, se fait plus mystérieuse encore et leur donne un côté sauvage. Quiconque a déjà gravi les pentes du Tuchenn Kador, l’été quand elles s’empourprent, ou traversé le Yeun Elez, saura de quelle splendeur et quelle richesse je parle.
Sur le littoral, la lande s’est développée naturellement et pousse encore abondamment par endroits, comme sur la presqu’île de Crozon. A l’intérieur des terres en revanche, l’histoire des landes est étroitement liée à l’évolution de l’agriculture. Hormis sur les sommets rocheux, où elle pousse spontanément, la lande est née d’une action anthropique ancienne, consécutive au déboisement. Elle a longtemps été exploitée, avant de régresser partout.
Autrefois, les landes couvraient près des trois-quart de la Bretagne, sur des terres artificiellement appauvries. Ces terres froides étaient pâturées, et la lande, une fois coupée, servait de fourrage, mais aussi de litière (gougi), pour produire le fumier indispensable aux terres cultivées. Le maintien des terres froides et leur exploitation contribuaient à l’autonomie de ces populations modestes.